Bon nombres de dirigeants arabes secoués par la chute des régimes tunisien et égyptien, ont perdu ces derniers temps le sommeil par peur de la contagion. En Algérie, où une première manifestation de masse prévue pour le 12 février,
a été vivement réprimée, le président Abdelaziz Bouteflika s’affole à trouver la solution magique pour sauver la peau de son pouvoir. Sur le plan social, la situation dans le pays, s’est nettement dégradée avec une vague de grèves observée dans plusieurs secteurs en guise de protestation contre les bas salaires et le mal-vivre ou contre la cherté de la vie inacceptable et un pouvoir d’achat laminé dont pâtissent pratiquement de larges couches de la société. Les grévistes réclament leur part des recettes pétrolières amassées par le Trésor algérien et qui frôlent actuellement les 110 milliards de dollars. Pour apaiser la tension sociale qui va crescendo, le président Bouteflika serait ces jours-ci, en train de cocotter « un profond remaniement ministériel ». Ce qui est sûr c’est que la rumeur autour de ce nouveau lifting, fait rage, depuis deux jours au sein des cercles médiatiques algérois. Outre le départ de l’actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, plus d’une dizaine de portefeuilles ministériels et non des moindres, devraient bientôt changer de main.
Il s’agit selon une source proche d’El-Mouradia, notamment de départements «évalués» à la demande de Bouteflika, par une équipe d’experts et qui souffriraient de certaines lacunes et de retards dans leur programme sectoriel. Certains ministres du gouvernement Ouyahia, passent de mauvais jours et n’attendent que le moment fatidique pour tirer leur révérence. Leur point commun est d’avoir connu des mouvements de protestation ou de n’avoir pas réussi dans leur mission.
Déjà, lors du dernier Conseil des ministres, le président Bouteflika avait annoncé une série de grandes mesures susceptibles de réduire la tension qui ne cesse de monter sur le front national.
Parmi les questions abordées figurent notamment la révision de la Constitution, la levée de l’Etat d’urgence en vigueur depuis 19 ans et les grands défis économiques qui attendent le pays. Parmi ces défis l’accession de l’Algérie à l’OMC, l’accord d’association avec l’UE, le prochain scrutin présidentiel et enfin les dernières réformes économiques qui tardent à voir leur application sur le terrain.
L’imminent lifting du gouvernement et les autres grandes opérations en vue vont-elles comme le souhaite Abdelaziz Bouteflika, apaiser la grogne de la rue qui réclame ni plus ni moins, un changement de régime, ou interviennent-elles un peu en retard comme le notent les observateurs ?