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La Jordanie a un nouveau Premier ministre après la démission de Khassawneh

Une fois n’est pas coutume. Le Premier ministre jordanien, Aoun Khassawneh a adressé jeudi au Roi Abdallah II, sa démission, alors qu’il se trouvait en visite à Ankara. Ce geste a été jugé à Amman contraire à la tradition et au protocole en vigueur dans le royaume hachémite. Nommé il y a à peine six mois, Khassawneh avait pour mission prioritaire d’engager des réformes de fond dans le pays, comme le revendiquaient les manifestations de rue dans le sillage du printemps arabe. Aucun commentaire n’a été émis du côté officiel dans la capitale jordanienne sur la manière dont a été présentée la démission de Khassawneh, un juge et ancien vice-président de la Cour internationale de justice.

Les médias locaux rapportent que le Roi Abdallah II a accepté la démission de son Premier ministre, l’accusant de freiner les réformes réclamées par la rue et dont il avait été présenté comme « la dernière chance » lors de sa nomination le 23 octobre dernier. Selon des sources proches du palais, le Souverain jordanien dans sa réponse à son Premier ministre, il lui a signifié que « la Jordanie traverse une période critique et ne peut pas se permettre de retard dans la mise en place des réformes nécessaires ». Le roi Abdallah a donc nommé aussitôt après, un successeur à Khassawneh. Il s’agit de Fayez Tarawneh, 63 ans, qui avait déjà occupé les fonctions de Premier ministre et de chef du cabinet royal à la fin des années 1990. « J’ai suivi le travail du gouvernement ces derniers mois et j’ai vu que les choses n’avançaient pas. Pour l’instant, les accomplissements sont en-deçà de ce que nous attendions », a ajouté le roi, accusant le gouvernement d’avoir donné la priorité à « certaines lois » plutôt qu’aux réformes essentielles. Depuis janvier 2011, et avec l’avènement du printemps arabe et les révoltes populaires qui l’avaient accompagné dans plusieurs pays arabes, le royaume hachémite a connu une vague de manifestations populaires de moindre ampleur que dans les pays voisins comme l’Egypte, la Syrie ou le Yémen. En Jordanie les manifestations plus ou moins « pacifiques » pilotées par des formations politiques de l’opposition, dont celles d’obédience islamiste, réclamaient des réformes politiques et économiques ainsi que la fin de la corruption. Les islamistes, principale force d’opposition, ont estimé que ce changement montrait l’absence de volonté de mener les réformes promises et ouvrait une période de grande incertitude.

 

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