18/01/2011 Alain Cohen-Krawczyk Reportages 0
Bien sûr, avec 700 chaînes satellitaires irrigant cette zone, la parabole fait partie du paysage depuis leurs premiers pas. Pourtant, dans ce foisonnement d’images, les émissions spécifiquement créées pour les jeunes (notamment les moins de 15 ans) sont rares. Comme toutes les chaînes du monde, celles des pays arabes nourrissent largement leurs programmes destinés à la jeunesse de mangas japonais ou de « cartoons » et clips musicaux anglo-saxons.
Fortes de ce constat et du soutien de l’Union Pour la Méditerranée, les chaînes membres de l’ASBU (Arab States Broadcasting Union) ont donc décidé de collaborer avec France Télévisions pour renouveler leur offre de contenus éducatifs. Le projet « Maârifa » (« Le Savoir » en arabe) a ainsi vu le jour au printemps 2010. Doté d’un budget de 500 000 euros, il doit permettre la création de programmes originaux destinés à la jeunesse. L’un des objectifs est de former les personnels artistiques et techniques à de nouvelles approches de la production multimédia, l’autre est d’améliorer la compétitivité des émissions produites par les télévisions arabes. Pour y arriver, le cahier des charges est volumineux : renouveler le genre, développer des sujets éducatifs et culturels, viser une diffusion sur les nouveaux médias. Avec la démocratisation de l’internet 3G, téléphones portables et ordinateurs sont devenus les écrans les plus regardés par le jeune public et dans ce domaine – dit des « nouveaux usages télévisuels » – France télévisions peut apporter l’expertise acquise par deux de ses filiales : France 5 et Canal France International.
Après un appel à projets ouvert le 6 avril 2010, dix projets ont été proposés par des producteurs algériens, jordaniens, marocains, palestiniens, syriens et yéménites. Après sélection, trois émissions ont été retenues, financées et sont en cours de réalisation : « Mektaba » (« La Bibliothèque » en arabe) de la chaîne éducative marocaine Arrabia, « Chabaab » (« La Jeunesse ») de la chaîne palestinienne Wattan TV et « Al Oulamaou As-sighar » (« Les petits génies ») ou « Madrassati » (« Mon école ») proposé par JRTV ; La télévision publique jordanienne n’a pas encore arrêté le choix du nom.
« Mektaba » est une fiction qui met en scène un adolescent marocain et son grand-père. L’un apporte sa connaissance de la culture et de l’histoire, l’autre sa maîtrise des nouvelles technologies. A chaque épisode, le grand-père fait appel à un célèbre personnage historique pour résoudre les problèmes rencontrés par son petit-fils. Artistes, philosophes, écrivains sont donc redécouverts de façon ludique et instructive dans cette série de trente épisodes conçus pour une diffusion hebdomadaire en début de soirée. Sur le fond, « Chabaab » rappelle un modèle du genre, le célèbre « C’est Pas Sorcier ». Confronté à une question scientifique, culturelle ou sociétale et entouré de jeunes palestiniens de 12 à 25 ans, l’animateur utilise toutes sortes de rubriques récurrentes pour les aider à trouver la solution : reportages, animations, jeux… Dans cette émission interactive, les téléspectateurs sont invités sans cesse à intervenir via le site internet de l’émission, Facebook et Twitter. Une première série de 12 émissions est en cours de réalisation. « Al Oulamaou As-sighar » ou « Madrassati » propose un cours à distance. Histoire, chimie, géographie… sont revisitées de manière ludique dans une classe jordanienne modèle composée d’enfants de 8 à 12 ans. Pendant et après l’émission, les jeux interactifs proposés sur le site internet permettent aux jeunes téléspectateurs de tester les connaissances acquises.
Ces programmes jeunesses devraient bénéficier d’une large diffusion dans le monde arabe sur les différentes chaînes membres de l’ASBU. « Maarifa est l’illustration d’une coopération multilatérale et multiculturelle emblématique de notre volonté » souligne Renaud Muselier, Président du Conseil Culturel de l’Union Pour la Méditerranée, organisme qui a soutenu et labellisé le projet. Début 2012, si la mise à l’antenne des trois émissions est concluante et les enseignements tirés de cette expérience positifs, les partenaires ont d’ores et déjà prévu de lancer une nouvelle sélection de projets multimédia éducatifs et culturels.
Spécialiste de la zone MENA, Alain Cohen-Krawczyk a travaillé comme analyste financier pendant près de quinze ans à Londres puis New York. Fort d’une expérience de 6 ans au sein de la banque Lehman Brothers, il quitte cette dernière en 2006 pour se mettre à son compte, créant ACK Consulting au Luxembourg. Il collabore avec plusieurs lettres et magazines spécialisés et publie des analyses risques sur les pays Euromed.
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