05/08/2015 Alain Cohen-Krawczyk Analyses 0
Malgré le gel complet des livraisons d’armes au régime de Tripoli depuis l’adoption le 27 février 2011 par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution dans ce sens, le trafic d’armes en Libye a continué à se développer au point d’atteindre aujourd’hui une ampleur inquiétante. Au cœur de ce trafic, qui menace la stabilité de toute la région, la Russie, selon certains observateurs, tirerait les ficelles pour manipuler les cours du pétrole.
Après les armes récupérées de l’arsenal du Colonel Mouammar Kadhafi à la chute de son régime et ceux récupérées de l’armée malienne qui fuyaient devant eux, les djihadistes présents au Mali s’équipent actuellement auprès de trafiquants tchadiens et libyens. Les armes qui alimentent ce trafic passent par la Libye, incapable de contrôler sérieusement les marchandises qui transitent par son territoire. Et comme, de nombreux avis, la réimportation d’armes dans le pays reposerait sur les équilibres antérieurs à la résolution du Conseil de sécurité, ce serait donc de l’armement russe qui circulerait aujourd’hui dans la zone. Selon les estimations, le marché libyen représentait au moment du vote de la résolution un chiffre d’affaires annuel de 4 milliards d’euros pour l’industrie de l’armement russe. Mais quel intérêt aurait la Russie à adopter ainsi une attitude permissive vis-à-vis de son industrie de l’armement au point de prendre un risque diplomatique considérable ? La réponse se trouverait du côté de l’industrie pétrolière.
Selon certains experts, l’objectif de la Russie serait d’accentuer le chaos en Libye, pays membre de l’OPEP, de manière à la pousser à ne pas respecter son quota de production, ce qui baisserait la production mondiale et ferait mécaniquement remonter, un peu, les cours du brut. L’économie russe, considérablement dépendante de ses ventes d’hydrocarbures, souffre énormément des sanctions internationales et de la chute des cours du brut. L’OPEP estime à 10% de son PIB les pertes, qui sont amplifiées par la restriction de ses marchés et le décrochage technologique causés par les sanctions, que la Russie pourrait subir si le prix du baril se maintient autour des 55 dollars pendant un an.
Spécialiste de la zone MENA, Alain Cohen-Krawczyk a travaillé comme analyste financier pendant près de quinze ans à Londres puis New York. Fort d’une expérience de 6 ans au sein de la banque Lehman Brothers, il quitte cette dernière en 2006 pour se mettre à son compte, créant ACK Consulting au Luxembourg. Il collabore avec plusieurs lettres et magazines spécialisés et publie des analyses risques sur les pays Euromed.
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