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Le ministre tunisien de l'Intérieur interpellé sur les violences du « lundi noir »

L’intervention musclée de la police contre une manifestation lundi dans le centre de Tunis, marque-t-elle le début du chaos en Tunisie ? La journée du 9 avril a été qualifiée de « lundi noir » lorsque des élus, des juristes, des journalistes et des citoyens désarmés, ont bravé l’interdiction des manifestations sur l’avenue Bourguiba au centre ville de la capitale, ont organisé une marche pacifique marquant la commémoration de la fête des martyrs du 9 avril 1938. Les forces de l’ordre ont procédé à une dispersion musclée qui a soulevé un tollé parmi la société civile. Le ministre de l’Intérieur, Ali Larayedh a été sommé de se présenter ce jeudi, devant l’Assemblée nationale constituante (ANC) pour rendre des comptes aux élus sur la violence de l’intervention des forces de l’ordre.

Le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaafar qui a condamné les agressions ayant ciblé une marche pacifique, a appelé à la tenue d’une séance plénière d’urgence sur les incidents survenus dans les rues avoisinant l’avenue Habib Bourguiba au cours desquels, les manifestants ont été physiquement agressés. Les élus de l’opposition souhaitant interroger directement le ministre sur les circonstances et les mobiles des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Théâtre de fréquentes manifestations depuis la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011, l’avenue Bourguiba, artère principale de Tunis, a été « provisoirement » interdite aux rassemblements le 28 mars dernier à la suite d’incidents ayant opposé des salafistes et des artistes. Pour les défenseurs des droits de l’homme dans le pays la brutale répression policière marque « un point de non retour », alors que les autorités martèlent la nécessité de respecter la loi et renvoient dos à dos policiers et manifestants. Pour les acteurs de la société civile, il s’agit au contraire d’un « Lundi noir », de « méthodes fascistes » et de « sauvagerie » et de scènes de violence inédites depuis de la révolution qui renvoient aux jours dramatiques ayant ont précédé la fuite de Ben Ali. Reporters sans frontières (RSF) ayant recensé les agressions de 16 journalistes dont deux étrangers, est entrée en ligne pour réclamer la création immédiate d’une commission d’enquête indépendante, afin de faire la lumière sur les incidents et « d’établir si les policiers ont reçu carte blanche pour faire usage d’une telle violence ». Face à l’indignation et aux photos et vidéos de brutalités policières qui tournent en boucle sur internet, le gouvernement a appelé au respect de la loi et dénoncé « les violations délibérées » de l’interdiction de manifester sur l’avenue.

 

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