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Libye : Les conservateurs s’attaquent aux intérêts de Seïf Al-Islam

La guéguerre entre la vieille garde conservatrice et le mouvement réformateur de Seïf Al-Islam, fils cadet du numéro un libyen Mouammar Kadhafi, s’est intensifiée ces derniers jours. Après la fermeture du journal Oea (version papier), un des médias du groupe médias Al-Ghad, propriété de Seïf Al-Islam, 20 journalistes travaillant pour le compte du même groupe ont été arrêtés lundi 8 novembre par les forces de sécurité intérieure libyennes, avant d’être relâchés le lendemain, sur ordre du chef de l’Etat, le colonel Kadhafi.

Il a même exigé l’ouverture d’une enquête. Parmi ces journalistes figurent des Egyptiens et Tunisiens employés par l’agence de presse Libya Press et le journal électronique Oea. Ces deux organes ont condamné ces arrestations qu’ils ont qualifiées d’ »acte honteux et scandaleux ». S’agissant des mobiles de ces arrestations en masse, ce sont les mêmes qui ont conduit à la suspension du journal Oea, sur ordre du Secrétaire du comité populaire général de la Jamahiriya arabe libyenne, Al-Baghdadi Ali Al-Mahmoudi. Cette décision est intervenue au lendemain de la publication par l’hebdomadaire Oea d’un éditorial plaidant pour le retour aux hautes fonctions de l’Etat, d’anciens compagnons de la révolution de 1969 qui a porté au pouvoir Mouammar Kadhafi, tels Abdessalem Jalloud, les colonels Khouildi Al-Hamidi et Mustapha Kharoubi ou Aboubaker Youness. Selon l’éditorialiste qui ne fait que traduire les réflexions de Seïf Al-Islam, ces figures de la vieille garde sont les mieux qualifiés pour assainir le pays des fléaux de la corruption, du clientélisme et du népotisme qui ravagent le pays et son économie. Selon d’autres sources libyennes, cette campagne à l’encontre d’Al-Ghad serait liée à la publication jeudi dernier par Libya Press d’une information selon laquelle un haut dirigeant du mouvement des comités révolutionnaires libyens aurait donné ses instructions pour empêcher d’anciens opposants, pour la plupart des islamistes, vivant à l’étranger, d’être rappelés pour occuper les hautes fonctions de l’Etat. Alors que Seif al-Islam qui dirige depuis quelques années le courant des réformateurs, milite fort pour le retour des opposants au régime libyen, y compris les islamistes, pour occuper de tels postes. Selon Libya Press, Ahmed Ibrahim, ancien homme fort des années 1980, aurait tenu une série de réunions en vue de la création d’une association politique avec pour mission de contrecarrer les projets des réformistes. Mais pour les observateurs en place, il ne s’agit là que de quelques aspects apparents de la guerre de succession au pouvoir que se livrent les fils de l’inamovible Mouammar Kadhafi, et à leur tête Seïf Al-Islam et les hommes forts de la vieille garde conservatrice du régime libyen.

 

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